Les femmes dans la société : Edito de Monseigneur Pascal Gollnisch

Bulletin de l’œuvre d’Orient N° 818

Dossier spécial : Des femmes arabes engagées dans la société Pais, Vie, Liberté

 

Edito de Monseigneur Pascal Gollnisch

 

« … Ces femmes nous donnent une magnifique leçon de foi et de courage »

 

Déjà dans la tradition juive la femme a tenu un rôle important ; nous pensons à Eve, à Sara et à tant d’autre.

Homme et femme il les créa, indiquant une égalité de dignité, et c’est l’homme qui quitte son père et sa mère pour rejoindre son épouse. C’est par les femmes que se transmet l’identité juive.

Le christianisme a consacré la place de la femme, avec Marie Mère de Dieu, Theotokos, comme le dira le concile d’Éphèse, introduisant l’humanité dans un royaume où « il n’y aura plus ni homme ni femme ».

Le Nouveau Testament prend en compte la différence sexuée, tout en mettant les unes et les autres dans la même économie du salut. L’Église fait du couple un signe de l’amour du Christ et de son Église, et hisse le mariage au rang d’un sacrement, c’est-à-dire une action du Christ lui-même. Force est de constater que les civilisations méditerranéennes se fondent sur la place éminente de la femme, et sa vocation à être mère, même si la maternité n’épuise pas la richesse de la vocation féminine.

Chez les chrétiens d’Orient, la femme joue un rôle essentiel et nul ne saurait lui manquer de respect. Parfois l’homme, même marié ne prend pas, devenu adulte, une distance avec sa mère.

Et nous n’oublions pas les religieuses admirables engagées dans la prière et aussi dans l’action concrète de charité évangélique qui donnent un magnifique témoignage de la vie chrétienne.

Je ne sais si je peux me risquer – car il est de nos jours difficile d’évoquer une différenciation sexuée, de reconnaître que les femmes ont un sens très beau et très fort de la valeur de la vie la plus fragile, car la femme sait que la vie peut naître dans son propre corps, qu’il lui soit donné ou non de vivre la maternité.

C’est ce qui conduit sans doute de nombreuses femmes à s’engager dans le service de la population alors que l’accès aux fonctions d’autorité publique leur est encore très difficile. C’est donc dans une certaine discrétion, voire une certaine abnégation que de nombreuses femmes vivent un engagement remarquable, contribuant au développement des sociétés du Moyen-Orient. Elles ont une grande capacité de discernement pour repérer les failles dans les sociétés contemporaines, les lieux et les personnes vulnérables dont personne ne s’occupe, les oubliés de nos dispositifs étatiques ou ecclésiastiques qui pourtant ont besoin de recevoir des signes de la tendresse de Dieu, qui ont besoin de savoir que leur vie, si cachée soit-elle, est une vie sacrée.

Nous avons voulu leur rendre hommage. Elles doivent parfois mener un combat pour trouver leur place dans des sociétés aujourd’hui marquées à l’excès par le rôle exclusif des hommes. Il s’agit, on le voit, d’autre chose que les idéologies occidentales caricaturales féministes, parfois plus marquées par la revendication que par la grandeur de la vocation féminine et qui risquent de verser dans un nivellement qui nie la complémentarité des identités sexuées. L’occident n’a plus les mots pour dire ce qu’est l’homme et ce qu’est la femme, sans doute parce que c’est davantage un expérience de vie qu’un concept théorique.

Les femmes de l’Orient, par leur engagement, leur force de vie, leur confiance en l’avenir nous montrent concrètement la grandeur de la vocation féminine. Il est sans doute nécessaire que les Églises leur donnent plus de place, comme le dernier synode à Rome essaie de la faire dans l’Église universelle. Il s’agit là d’une évolution des communautés chrétiennes nécessaire, difficile encore une fois dans le contexte du Moyen-Orient mais dont l’enjeu dépasse les Églises et le Moyen-Orient. Une manière audacieuse de faire évoluer nos sociétés avec les richesses que cette évolution dévoilera.

L’œuvre d’Orient est heureuse d’accompagner ces femmes dans leurs engagements, dans leurs structures associatives qu’elles ont pu créer avec beaucoup d’imagination au service de la population dans le domaine de l’éducation, des soins, de l’accueil des plus fragiles, mais aussi de la construction de la paix, de la réconciliation, de la justice, du dialogue inter-religieux. C’est une grâce pour l’Œuvre d’Orient, et pour le prêtre que je suis, d’avoir rencontré certaines de ces femmes qui nous donnent une magnifique leçon de foi et de courage. Puis-je les confier à la prière des lecteurs s’ils sont croyants. Je sais qu’en France se développent des groupes de « prière pour les mères ». Que les mères françaises, les femmes françaises sachent que leurs joies et parfois leurs souffrances sont aussi celles des femmes de l’Orient.