Trois capucins morts à Crest

Nous vous proposons ici un extrait du très bel article de Julien Combelles, paru dans le Dauphiné libéré du 1er avril

« Le couvent des Capucins à Crest est frappé de plein fouet. Sur les 11 religieux qui y vivent, trois d’entre eux ont perdu la vie en quelques jours »

 

« Une tragédie à huis clos

Alors que la circulation du coronavirus s’accélère en France, le couvent des Capucins à Crest est frappé de plein fouet. Sur les 11 religieux qui y vivent, trois d’entre eux ont perdu la vie , décès liés au coronavirus. Hospitalisé depuis jeudi 26 mars, le frère Armand était âgé de 78 ans et avait une santé fragile, tout comme le père Pierre, 85 ans, décédé avant lui dans le week-end. Tous deux avaient été hospitalisés dans un état grave après un premier décès le 25 mars, celui de frère Emmanuel, âgé de 94 ans.

« Certains ont de la fièvre »

À l’autre bout du fil, la voix d’un homme. Celle d’un religieux. Éprouvé. « La situation que nous vivons est difficile, vous savez… Si on s’y attendait un peu en raison de leur âge et de leurs pathologies, leur départ est lourd à porter et procure un grand vide. » Et si l’homme d’église s’évacue sans doute un peu dans un flot de paroles trahissant sa volonté de ne pas s’étendre sur le drame qui s’abat sur la communauté, c’est pour revenir aussitôt après coloniser les pensées. « Pour moi, nous l’avons tous attrapé ! Aujourd’hui, trois Capucins sont confinés dans leur chambre et reçoivent la visite d’un infirmier. Certains ont de la fièvre » Ce qui fait craindre le pire.

Quand l’abbé Pierre était venu

C’est là, dans ce couvent à Crest, que l’Abbé Pierre avait séjourné de 1932 à 1938, après son noviciat, pour y effectuer ses études de philosophie et de théologie. Après son départ de Crest et son ordination presbytérale à Lyon, l’Abbé Pierre reviendra régulièrement chaque année à Crest, ceci pour deux raisons : pour revoir son supérieur, le père Ernest, et parce qu’un membre de sa famille était responsable de la communauté d’Emmaüs d’Étoile-sur-Rhône. Il y reviendra jusque dans les années 70-80. La dernière fois que l’Abbé Pierre s’est rendu dans la Drôme, c’est pour l’inauguration d’une salle portant son nom, dans l’enceinte de l’hôpital de Crest. »